La météo m’annonce un vent du nord, et une belle dépression avec une quantité de neige plus qu’intéressante. La température en chute libre, tout ce que j’aime.
Les Vosges se situent seulement à 4 heures de route alors l’envie de redécouvrir la vie sous igloo se fait ressentir de plus en plus.
Le temps de quelques appels téléphoniques et de rassembler mon équipement, je me rends compte que mes chaussures sont en mode Off.
Dès lors si l’envie vous prend aussi de me suivre ou de m’accompagner la prochaine fois, je peux déjà vous conseiller d’investir dans le nécessaire à ce type de petites expéditions hivernales.
Nous arrivons à La Bresse. Je commence avec une splendide vue sur le Lac de Lispach. Il est tout blanc et une couche de 15cm de neige fraîche est tombée sur les épicéas. Cette couche est idéale pour une première approche du Biathlon puisque c’est le sport vedette de la vallée. Ou tout simplement, se faire plaisir en famille chez WidooGlisse.
Après une très bonne nuit passée dans la Vallée de Chajoux, nous effectuons quelques dernières courses au Super U de La Bresse. Ici tout est déjà blanc. Les fumées de cheminées tranchent avec la neige déposée sur les pentes.
Nous dégustons nos petits croissants avant de nous rendre au Col de La Schlucht pour un premier et dernier petit café au chaud.
La route des crêtes est toute enneigée et praticable comme à son habitude jusqu’à la ferme-auberge de Breitsouze située en bordure de piste du domaine skiable de La Bresse-Hohneck.
Le temps de prendre une photo, nous démarrons plein sud, tous équipés de nos raquettes à neige.
Nous traversons la piste de ski de descente puis nous faisons notre trace à travers les hêtraies enneigées et les pâturages recouverts d’une couche de plus de 80cm.
Les auberges sont volets fermés pour l’hiver. Nous contournons le Kastelberg puis quand une ouverture se profile à l’horizon, nous avons vue sur le lac de Blanchemer, le lac et la tourbière du Marchais.
Mon objectif étant de construire un Igloo de 3 mètres de diamètre, 50 mètres sous le sommet du Rainkopf à 1350 mètres d’altitude.
Je pense que le meilleur accès sera de le contourner en suivant la route puis, avant la ferme de Dédé (que je recommande en été pour son typique repas marquaire) remonter vers le Nord les pentes du Rainkopf via le sentier délimité par les poteaux de clôture.
Nous sommes à plus de 1000 mètres et le vent du Nord balaye la neige. Quelques skieurs passionnés de randonnées sont de passage au sommet.
Nous redescendons quelques dizaines de mètres dans les pentes du Rainkopf côté Nord-Ouest pour trouver une neige non croûtée, toute fraiche.
C’est à proximité des arbres, que nous nous installons.
Il est déjà 15 heures et il s’agit de construire l’igloo avec nos pelles avant l’arrivée de la nuit.
La neige est sèche, la couche de grains ne nous facilite pas la tâche.
La cohésion n’est pas vraiment bonne et je galère dans les premiers blocs. Mais à 4 p’tit gars hyper motivés que nous sommes, nous allons entasser les couches de blocs, les unes après les autres. D’abord au sec, ensuite avec un peu de fatigue, puis les pieds qui commencent à avoir froid, j’entends une épaule qui est en manque de force, mes gants qui sont trempés…
Il est maintenant 02 heures du matin et nos lampes frontales éclairent le mur de l’igloo qui s’élève.
Le brouillard nous empêche de voir à 20 mètres. La Lune descendante éclaire de temps en temps les pentes du Kastelberg et nous apercevons au loin les dameuses du domaine skiable qui travaillent.
Cela fait déjà pas mal de blocs que nous devons grimper sur nos sacs pour accéder au sommet du mur et continuer la construction mais elle devient vraiment difficile de par la hauteur.
Nous stoppons tout, maintenant. Tous nos bâtons sont réunis de façon à créer une charpente.
2 couvertures de survie chapeaute l’igloo et tiennent grâce à 4 de nos piolets et nous jetons de la neige par-dessus.
C’est l’heure maintenant de se faire une bonne assiette de ravioles, sauce tomatée. Oui, oui, à 2h30 du matin.
6h00, je me réveille et j’aperçois Loïc assis… ? Il est matinal lui ! Bravo. Je me réinstalle confortablement dans mon sac de couchage. 8h00, j’entends quelqu’un qui chante et tourne autour de l’igloo depuis déjà un bon moment… Et c’est Loïc qui nous rejoint à l’intérieur. Il m’annonce qu’il est au bout de sa vie et que son père vient le chercher. Julien a dormi a même le sol gelé parce qu’il a oublié son matelas. Bravo ! Impossible pour lui de dormir, de par, le claquement de dents de Loïc, et de part, le froid du sol. Frédéric est en forme et moi aussi par moins 6C° mais qu’est-ce qu’on est bien là.
La cafetière est déjà opérationnelle pour la première mission du jour : Boire un vrai café avec une vue sur la vallée vraiment splendide.
Ensuite après avoir déjeuné,…Hé oui, il est déjà midi c’est l’heure de raccompagner loic à la ferme auberge pour son retour vers le Nord. J’arrive après 1h de raquettes à travers les hêtres enneigés, au bord de la piste « Kastelberg » située sur le dessus du Lac de La Lande et reconnaissable à son barrage.
Michel, photographe vosgien est au bord de la piste et me suivra jusqu’à notre aire de bivouac à 1280 mètre d’altitude.
C’est seulement 33 mètres plus haut que notre point de départ, 4.2 km à faire notre trace dans une neige fraîche, un dénivelé cumulé de 830 mètres ce qui nous a pris la veille en étant chargé de 25 kg chacun un peu moins de 2 heures.
Michel est quelque peu surpris de par la grande taille de notre Igloo.
Mais l’odeur de la choucroute l’encourage à rentrer et se joindre à nous pour un bon repas bien au chaud.
La température à l’intérieur de l’igloo avoisine le zéro en journée et la différence avec l’extérieur est vraiment des plus agréables.
La nuit ça descend de quelques degrés, -6C° mais nous sommes bien équipés, seules les chaussures gelées sont dures à remettre à nos pieds aux petites heures. Nous nous y faisons et nous y sommes presque bien.
La vue aux alentours est splendide. Les arbres sont figés de par le givre.
Les piquets de clôtures sont pétrifiés.
Le vent souffle la neige des crêtes qui retombent en masse sur les arbres et dans les pentes situées « sous le vent » Des plaques de neige sont très probablement déjà prêtent à déclencher de petites avalanches dans les pentes de plus de 30°.
La prudence s’impose pour ne pas avoir à utiliser nos arva, pelles et sondes autrement qu’en prévention. Une certaine instabilité est présente quand on regarde la formation des nuages.
C’est magique avec ces rayons du soleil même si nous n’avons pas beaucoup de visibilité. Nous apprécions à juste valeur.
Le retour au Col de la Schlucht nous amène à déguster un vin chaud et un morceau de tarte aux myrtilles que nous savourons tel un repas gastronomique.
A refaire avec des motivés, amateur de sensation simple, aimant la nature et sachant rendre invisible leur passage.
Pour les amateurs, renseignez vous toujours auprès des professionnels de la montagne de l’endroit où vous vous rendez et sur les conditions météo, la nivologie, les accès, les portes de secours et négligez pas une bonne préparation physique. Ne vous engagez pas sans savoir. Un accident est trop vite arrivé et un secours peut vous coûter très cher. Vous restez responsable de vos choix.
Office du Tourisme des hautes-Vosges
La Bresse Hohneck Site Officiel – La Belle Montagne